La BVD persona non grata

Article écrit par Jean-Luc Masson et paru dans le Paysan Lorrain du 16 décembre 2016

La BVD persona non grata


La Meurthe-et-Moselle s’engage dans la gestion collective obligatoire de la « diarrhée virale bovine ». Décidée par l’assemblée générale du GDS, cette opération de grande envergure sera généralisée sur un croissant du Nord-Est de la France.

Par temps de crise, le bateau de l’élevage tangue et le risque est grand de baisser la garde sur des dossiers fondamentaux comme le sanitaire par exemple. Tel n’est pas l’état d’esprit du Gds de Meurthe-et-Moselle, qui, au contraire, consolide ses actions. L’ assemblée générale du 9 décembre à Laxou a été l’occasion d’adopter à l’unanimité la généralisation du dépistage de la Bvd sur les naissances, rendu par là-même obligatoire sur la Meurthe-et-Moselle. Une décision qui s’inscrit dans une dynamique commune à dix-neuf départements du grand Nord-Est de la France.

Boucle de prélèvement 2 en 1

Pratiquement vingt ans que l’on entend parler de la maladie des muqueuses, ou diarrhée virale bovine dont l’acronyme BVD a fini par faire oublier la terminologie initiale. « Le département s’est fortement mobilisé sur l’importance de la recherche des IPI, a rappelé le président du GDS, Dominique Colin. Nous sommes au milieu du gué et nous devons aller de l’avant. La boucle de prélèvement 2 en 1 a été pour nous le déclenchement de cette généralisation ». L’année 2016 a permis de tester le dispositif à grande échelle sur trois zones pilotes: Longuyon, Nomeny et Blâmont, avec une adhésion supérieur à 98% des éleveurs. 232 sentinelles ont été placées sur 719 élevages, 80 % des introductions ont été contrôlées avec un résultat de 0,9 % de positifs, entraînant l’ouverture de onze plans de lutte. Plus de 19.000 boucles préleveuses BVD ont été apposées révélant 0,3 % d’animaux positifs sur 336 cheptels.

Le plan qui démarre sur quatre ans prévoit trois phases: l’éradication active ; la fin d’éradication et le début de surveillance ; la surveillance et la préservation du statut de zone, détaille Corinne Cierco, la directrice du GDS. Le budget prévisionnel intégrant le matériel de prélèvement, les analyses et les recontrôles s’élève à 345.000 € sur 2016-2017, le GDS et le Conseil départemental assurant le financement de 252.000 €. La montée en puissance l’année suivante nécessitera un investissement de 539.000€ dont 387.000 € pris en charge.

A l’horizon 2017-2018, le pari est d’atteindre 65.000 boucles, dont le coût unitaire s’élève à 7,54 €, la charge restant à l’éleveur à 2,35 €. Trois mesures encadrent le dispositif: le dépistage à la naissance, l’élimination des IPI dans les huit jours du résultat, le contrôle à l’introduction. « Il est nécessaire d’observer une grande vigilance à l’achat d’animaux, il est possible d’atteindre zéro BVD, la réussite sera collective ou ne sera pas » défend Corinne Cierco. Une simulation a montré que le retour annuel sur investissement pour un élevage allaitant ressort à 1.110 € pour un coût supplémentaire de 150 €.

IBR: le bout du tunnel ?

L’autre événement vécu en 2016 aura été la publication fin mai d’un arrêté ministériel renforçant les mesures de lutte contre l’IBR, autre fléau contre lequel le GDS se bat depuis deux décennies. « Je suis certain que cela va nous permettre de franchir le dernier cap vers l’assainissement » considère Dominique Colin. Ce texte impose un statut IBR obligatoire, l’interdiction de la vente des bovins positifs en élevage, et des modifications des règles sanitaires à l’introduction. « Nous allons continuer à aider les éleveurs, voire accentuer les aides par une prime à la casse » rassure le président du GDS qui rappelle en outre la mise en place de la vaccination des animaux introduits dans les élevages délégataires. 90.000 € par an sont consacrés à la lutte contre l’IBR. A ce prix, un allègement  de la prophylaxie pourrait être envisagé à l’horizon 2019.

Présente à la tribune de cette assemblée générale, la vice-présidente du conseil départementale, Audrey Normand, a rappelé que le soutient au GDS représentait la moitié des financements accordés dans le cadre de la charte départementale à l’agriculture. La loi NOTRE ayant modifié le périmètre des compétences, le Département a perdu certaines de ses attributions au profit de la Région. C’est notamment le cas des aides au GDS, pour lesquelles une convention de transition a été signée entre les deux collectivités territoriales pour 2016. La concertation se poursuit pour l’avenir, une réunion est d’ailleurs prévue à ce sujet le 19 décembre, a indiqué Jean-François Guillaume, conseiller régional. Audrey Normand a par ailleurs confirmés que le Conseil départemental continuerait à porter le laboratoire vétérinaire et alimentaire de Pixérécourt, action qui demeure dans ses prérogatives.

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