Produire pour un marché

Produire pour un marché


Les Jeunes Agriculteurs de Meurthe-et-Moselle observent l’évolution des comportements du consommateur. C’est lui qui dictera le marché de demain. Il s’agit donc de produire pour répondre à cette demande évolutive. Réflexion en assemblée générale.

La nouvelle équipe de Ja 54, élue il y a tout juste un an, avec à sa tête Baptiste Lespagnol, tenait sa première assemblée générale le 15 février, à l’espace Montrichard de Pont-à-Mousson. Une réunion qui a débuté par la restitution des actions des différents groupes de travail : lait, environnement, communication et événementiel, viande, foncier, chasse. La synthèse revenant au secrétaire général, Antoine Clavel. Lequel s’est félicité des 33 dossiers d’installation aidée concrétisés en 2018, contre seulement 29 l’année précédente.

Cinq sessions de «21 heures» ont été réalisées, la dernière ayant intégré la nouveauté d’un forum, sorte de mise en relation avec trois  intervenants des organisations professionnelles. 59 participants ont été dénombrés lors de ces formations. Le Conseil régional ayant stoppé le financement du suivi post-installation, Ja 54 a recherché une solution alternative.

Accompagnement post installation

Un accompagnement post installation (Api) verra prochainement le jour en phase test sur le département. Plus que jamais, le syndicat des jeunes agriculteurs se positionne sur ce créneau de l’installation qu’il veut «viable, vivable et durable».

Antoine Clavel a rappelé les deux temps forts de mobilisation des Ja qui ont manifesté ; à la périphérie de Nancy en février, puis à Strasbourg en juin, face aux menaces d’importation de denrées produites dans des conditions sanitaires et sociales moins contraignantes qu’en France. Autre initiative conjointe avec le réseau Fnsea, la visite des parlementaires à la mi-décembre, autour d’un triple slogan : «stopper l’agribashing, la fiscalité punitive et aveugle sur les produits phytosanitaires et une guerre des prix suicidaire et destructrice».

L’assemblée générale s’est poursuivie par une  tradition ancienne chez Ja 54, celle de la projection de petits films humoristiques. La sécheresse, les débouchés, le glyphosate, les dégâts de gibier, le véganisme, les contrôles de l’administration, les retards de paiement… Tous les scénarios ne font pas rire tous les invités ; manier le second degré n’est pas exercice facile et ne souffre pas l’improvisation…mais il faut certainement que jeunesse se passe.

Le mot «bio» a dépassé tous les autres

Les Ja avaient, par ailleurs, choisi pour thème «les nouveaux consommateurs « maîtres » des producteurs ?» Une réflexion conduite à deux voix par Victor Barbier, le secrétaire général adjoint et Julien Grosse, le trésorier. En toile de fond l’évolution du comportement des consommateurs à travers les décennies. Aujourd’hui 80 % de la population vit en ville. Les dépenses consacrées à l’alimentation se sont réduites comme neige au soleil, au profit des services. L’homme moderne est mobile et le temps passé à table s’est amoindri. La conséquence est la montée en puissance des produits transformés et de la restauration hors domicile. Une étude du Credoc a montré qu’en huit ans, la notion de qualité avait considérablement évolué dans l’esprit du consommateur. Si les mots «goût, prix, fraîcheur et bon» ressortaient en tête en 2007, le mot «bio» avait dépassé tous les autres en 2015. Et il était entouré de «produit, légume et viande».Le prix avait pour ainsi dire disparu. Est-ce à dire que l’acte de d’achat alimentaire pourrait se traduire par une dépense supérieure au rayon alimentaire ? Pas sûr, car l’état d’esprit du sondé n’est pas toujours le même que celui du client à la caisse du supermarché.

Parallèlement, les préoccupations environnementales, de bien-être animal et d’hostilité aux pesticides vont crescendo, même si 85 % des français font confiance à leur agriculture. Les jeunes en sont convaincus, il faut s’appuyer sur cette confiance, s’adapter à cette évolution du mode de vie et répondre en produisant pour un marché, en partie local. Le président du Conseil départemental, Mathieu Klein, engagé dans la promotion de l’approvisionnement local en restauration collective, appuie dans cette direction. «Cela passe par un changement des monopoles ou des habitudes, affirme-t-il, il nous faut aussi travailler sur le conditionnement, le transport et le stockage». Autre mot beaucoup prononcé pendant cette assemblée générale, celui de la communication. «Nous paysans, nous devons nous réapproprier cette communication qui nous a été confisquée par d’autres» est convaincu le président de la Fdsea, Luc Barbier. Du côté de Ja 54, la volonté est d’exister sur la toile et les réseaux sociaux «très influençant sur les jeunes générations». Des événements locaux à la rencontre des citoyens sont envisagés. Arthur Galinat, administrateur national, promettait pour sa part un grand événement de ce type au printemps 2020 à l’Hôtel de ville de Paris.

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