Article paru dans le Paysan Lorrain du 15 septembre 2017
Bovinext saisit l’opportunité « Stabiliser »
L’importation des 100 premiers embryons et de 15 génisses de neuf mois de la race Stabiliser devrait intervenir avant la fin de l’année. L’association Bovinext est à pied d’œuvre, dans sa quête de « solutions innovantes pour l’élevage bovin ». La campagne d’adhésion des éleveurs du Grand Est a été ouverte le 4 septembre.
Le moins qu’on puisse dire est que la race Stabiliser ne laisse pas indifférent. La réunion de présentation organisée par Bovinext le 4 septembre à Laxou a rassemblé une quarantaine d’éleveurs allaitants. La plupart s’interroge sur les races traditionnelles élevées sur la région et les perspectives à terme.
Répondre à la mutation du marché
Beaucoup sont tentés par l’expérience Stabiliser, même si certains auraient préféré qu’on «fasse évoluer» des races françaises -la Charolaise par exemple- plutôt que de chercher de la génétique Outre-Manche.
Les responsables de Bovinext sont convaincus qu’il faut saisir cette opportunité qui se présente et qui constitue un pari pour le moyen terme, comme l’indique Stéphane Peultier, le président de l’Apal. L’esprit qui anime l’association créée le 7 avril dernier est de «rechercher des solutions innovantes dans l’élevage bovin, pour adapter la production à un marché en pleine mutation», rappelle le président Laurent Rouyer. Les membres fondateurs sont la Chambre régionale d’agriculture (Crage), la Coopérative d’insémination artificielle Elitest et l’Association de productions animales de l’Est (Apal). «Le but est que la génétique discute avec le commercial, ce qui n’était pas forcément le cas jusqu’à présent» argumente Damien Tiha, le président d’Elitest.
Mais quelle est donc cette race allaitante, initiée aux Etats-Unis, et qui se développe essentiellement au Royaume- Uni, en Nouvelle-Zélande et en Australie ? La Stabiliser est issue d’un «croisement quatre voies» entre les races Angus, Simmental, Hereford et Gelbvieh. Il s’agit d’une race à la robe rouge ou noire, sans cornes et docile qui affiche une grande précocité et d’excellentes qualités maternelles, une conduite d’élevage facile et une excellente rentabilité en système herbager. Elle ne dépasse pas 650 kg de poids vif et vêle à deux ans. Les génisses peuvent être placées à la reproduction dès l’âge de quatorze mois. Les pro- moteurs de Stabiliser la vantent comme génératrice de carcasses de moindre poids et plus homo- gènes, plus adaptées à la demande de la filière, ainsi qu’offrant d’excellentes qualités organoleptiques. Précisément ce qui fait souvent actuellement défaut à la filière viande en France.
A la suite d’une visite en Angleterre, au mois de mai, Bovinext a signé un contrat de partenariat avec la société Big, titulaire des droits pour l’Europe.
Noyau de réception
Selon les termes de cet acte, Bovinext obtient l’exclusivité du développement et de la commercialisation de la race Stabiliser en France. Elle s’engage à acheter 15 génisses et 300 embryons. Un nouveau déplacement au Royaume-Uni était prévu les 10 et 11 septembre, pour procéder au tri des génisses.
L’objectif est de créer un «noyau de réception Stabiliser» basé sur cinquante éleveurs et un millier de femelles, à cinq ans. L’importation d’embryons sexés ou non et de génisses souches doivent alimenter ce noyau qui deviendrait la tête de pont de la multiplication en France. «Nous prélevons directement dans le cheptel « souches » de Big, nous partons avec du matériel haut de gamme» assure Laurent Rouyer, par ailleurs très attentif aux aspects de garanties sanitaires. Le troupeau britannique est vacciné en IBR et la tuberculose n’est pas rare sur l’île. Autre démarche en cours, explique Philippe Sibille, le directeur d’Elitest, la demande de reconnaissance spécifique officielle de la race en France, la Stabiliser n’est jusqu’alors classée qu’au rang des «autres races allaitantes» sans être nommée.
Double quarantaine
La rencontre de Laxou avait aussi pour but de lancer la campagne d’adhésion à Bovinext auprès des éleveurs. La convention de partenariat exige le respect du cahier des charges sanitaires (Ibr, paratuberculose…), l’inscription à l’état civil et au contrôle de performances, un engagement d’achat de dix embryons sur trois ans (500 € Ht l’unité) et la mise à disposition de génisses (restituées gestantes avec deux embryons) ou de mâles (contrat de rétribution) s’ils sont sélectionnés par Bovinext. Une aide régionale est par ailleurs en cours de négociation.
L’importation des 100 premiers embryons devrait intervenir avant la fin de l’année. Même chose pour les 15 génisses de neuf mois qui feront l’objet d’une double quarantaine, la première sur le sol britannique avant le départ, la seconde sur le territoire lorrain. Ces animaux rejoindront les installations d’Elitest à Epinal où ils feront l’objet de tests, à la fois d’élevage (prélèvement d’embryons) et de commercialisation. Les exploitations de l’Alpa et de la ferme de la Bouzule sont pressenties pour accueillir ces premières femelles. La production d’embryons interviendrait dans les six premiers mois l’année prochaine, avec une nouvelle importation de 50 embryons fin 2018, date à laquelle Bovinext pourrait tabler sur 500 embryons.
En fonction de l’engouement suscité sur le Grand Est, de nouvelles génisses pourront être importées. Bovinext gérera l’intégralité des opérations, en particulier la remontée des informations d’indexation vers le Royaume-Uni.